Les flux financiers illicites liés à l’impôt et les impacts sur l’impôt progressif
L’évasion fiscale internationale reste une préoccupation majeure, tant dans les pays développés qu’en développement. Selon le rapport sur l’état de la justice fiscale en 2023 du Tax Justice Network, les gouvernements perdent environ 480 milliards de dollars par an en raison d’abus fiscaux internationaux. De ce montant, 311 milliards de dollars proviennent d’abus fiscaux de sociétés multinationales et 169 milliards de dollars résultent d’évasion fiscale à l’étranger par des particuliers fortunés. Alors que l’évasion fiscale implique des pratiques illégales, l’abus fiscal des entreprises se produit souvent via l’évitement fiscal, c’est-à-dire des pratiques par lesquelles l’esprit de la loi est contourné par des méthodes qui pourraient techniquement être légales.
Fiscalité et environnement
Dans le cadre de la réalisation des objectifs environnementaux mondiaux, un débat croissant émerge sur la manière dont les systèmes fiscaux peuvent contribuer à réduire les dommages environnementaux, notamment sur la question de savoir si les activités polluantes devraient être découragées par des taxes ciblées. Cependant, plutôt que de mettre en place des mesures dissuasives pour la pollution, le système fiscal actuel comporte, dans certains cas, des échappatoires et des incitations qui peuvent faire en sorte que les activités très polluantes soient taxées à des taux inférieurs (plutôt que plus élevés) que d’autres activités.
Gouvernance fiscale mondiale
À ce jour, aucun accord véritablement mondial n’a été atteint sur les questions fiscales internationales. Au cours des cinquante dernières années, l’OCDE a mené plusieurs processus d’élaboration de normes souvent qualifiées de « mondiales », mais les processus par lesquels elles ont été élaborées sont loin d’être inclusifs à l’échelle internationale.
Depuis plus d’une décennie, le G77, le groupe de négociation des pays en développement, a appelé à la mise en place d’un processus fiscal intergouvernemental à l’ONU afin de garantir une participation équitable de tous les pays à la gouvernance fiscale mondiale. Jusqu’à récemment, cette proposition a été systématiquement bloquée par les pays de l’OCDE, qui ont plutôt plaidé en faveur du maintien du leadership de l’OCDE dans l’élaboration des normes fiscales mondiales.
Cependant, ces dernières années, il est devenu de plus en plus évident qu’une action était nécessaire pour renforcer l’inclusivité et l’efficacité de la gouvernance fiscale mondiale. À la fin de 2022, tous les États membres de l’ONU ont unanimement adopté une résolution historique sur la coopération fiscale internationale. Initiée par le Groupe Afrique lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, cette résolution prévoyait l’ouverture de négociations fiscales intergouvernementales sous les auspices de l’ONU, offrant ainsi à tous les pays la possibilité de participer sur un pied d’égalité.
En 2023, le Groupe Afrique a adopté une résolution visant à négocier des termes de référence d’une nouvelle Convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale. Lors d’un vote historique à la 2e Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, la résolution a été adoptée à une écrasante majorité, avec 125 voix pour, 48 voix contre et 9 abstentions. Par la suite, un comité ad hoc a été mis en place pour entamer les négociations sur les termes de référence. En février 2024, lors de la session d’organisation du nouveau comité, tous les États membres de l’ONU sont parvenus à un consensus sur une feuille de route visant à finaliser les termes de référence d’ici la fin août 2024, conformément au mandat de la résolution de 2023.